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Les pseudo-médecines

Lutter contre la desinformation en matière de science et presenter la réalité des principales medecines non conventionnelles

au fil du temps

Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

Comme presque tout enseignant, je suis affilié à la mutuelle générale de l'éducation nationale (MGEN) qui, comme son nom l'indique, a toujours souhaité être la mutuelle incontournable de tout enseignant.

J'ai déjà eu par le passé une expérience assez décevante lorsque j'ai été amené à participer lors de l'assemblée générale de la MGEN, à un débat biaisé dont j'ai déjà effectué ici la relation et qui mérite sans doute d'être relu[1].

Comble de l'horreur j'ai reçu hier une invitation qui me convie à participer aux rencontres mutuelles du Gard organisées par la section MGEN locale et dont le titre est : « se soigner autrement »

Cette table ronde donnera la parole à des intervenants dont la liste est particulièrement significative sur ce que signifie ici le mot « autrement » :

– Une Energéticienne, médecine traditionnelle chinoise.

– Un médecin généraliste

– Une Sage-femme, acupunctrice, sophrologue, médecine chinoise

– Un psychanalyste.

– La Directrice des soins aux thermes de Balaruc les Bains.

On aura compris qu'il s'agit là clairement d'une incitation faite aux sociétaires de cette mutuelle à se tourner vers les médecines non conventionnelles. D'ailleurs, le courrier précise que nous sommes  invités « à ce moment unique d'échanges dont l'objectif est de construire la MGEN de demain ».

Une mutuelle a-t-elle le droit de tenter de détourner ses adhérents de la médecine basée sur les preuves ?

Les dirigeants de cette section locale, eux-mêmes enseignants, et qui s'adressent à des professionnels  dont le rôle est d'éveiller l'esprit critique de la jeunesse et de développer la raison sont-ils légitimes lorsqu'ils cherchent à développer une démarche anti-scientifique et irrationnelle ?

J'ai honte d'être membre de cette mutuelle et je vais de ce pas m'informer pour savoir s'il existe un organisme mutualiste qui privilégie une approche scientifique de la médecine et n'oblige pas ses adhérents à financer des «fake médecines » contre lesquelles s'élèvent aujourd'hui de nombreux médecins.

En attendant mieux, signez déjà ma pétition

ICI

et ajoutez votre nom en soutien à la tribune publiée par 124 médecins courageux

http://fakemedecine.blogspot.fr/

 

[1] http://www.pseudo-medecines.org/article-pourquoi-un-nouveau-livre-119405905.html

La MGEN fait la promotion des « fake médecines »

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Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

Beaucoup d'entre vous savent déjà que j'ai lancé, il y a juste un mois, une pétition "pour que cesse l'ambiguïté des pratiques médicales".

- Nombreux sont ceux qui ont signé cette pétition qu'ils en soient remerciés, car il convient bien sûr d'appuyer les revendications avancées par les 124 courageux médecins qui se sont exprimés dans le Figaro mais aussi et surtout de montrer à tous que les citoyens ne laissent pas aux seuls médecins le devenir des problèmes du système de santé. Que ceux-là continuent, s'ils le souhaitent, à en faire la promotion sur les réseaux sociaux et qu'ils veuillent bien m'excuser pour cette relance.

- Pour ceux qui n'en étaient pas informés, c'est ici: https://chn.ge/2H80W0A

- Certains d'entre vous n'ont pas signé cette pétition pour des raisons fort diverses. Je les incite à lire les six courts articles que j'ai publiés ci-dessous:

1) Consultation d'homéopathie et d'astrologie

2) Une spécificité française I

3) Une spécificité française II

4) Un résultat sans équivoque!

5) Un bastion bien défendu

6) Vrais médecins, sectes  et  médecines non conventionnelles : des liaisons dangereuses !

Après lecture de ces articles, j'espère que beaucoup de ceux qui partagent globalement le point de vue exposé comprendront la raison de mon initiative et se joindront à nous.

 

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Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

J'ai écrit en 2003, il y a déjà bien longtemps, un premier livre intitulé « les pseudo médecine – un serment d'hypocrites [1]» . Au chapitre traitant de l'homéopathie j'évoquais la présence de nombreux médecins homéopathes au sein des sectes guérisseuses. J'écrivais en particulier : « deux autres homéopathes adeptes de la secte S ont été jugés pour homicide involontaire. Leur patiente souffrait d'une tumeur à la main elles ont été soignées par des harmonisations et des traitements homéopathiques préparés spécialement par le laboratoire T. La première, XX a déjà été radié de l'ordre des médecins pour  faute grave et pour pratiques charlatanesques dont ont été victimes un malade du sida et de femmes souffrants de cancer ». J'avais à l'époque cité clairement le nom de cette homéopathe, car de nombreux articles de journaux confirmaient ces propos et les faits de l'époque en prouvaient l'incontestable réalité.

Ce n'est que bien des années plus tard le 6 janvier 2017 que j'ai reçu un courrier recommandé de Madame XX mettant en cause le paragraphe ci-dessus.

Elle affirme alors :

 « – je ne suis pas radiée de l'ordre des médecins ( elle joint d'ailleurs en copie sa carte de médecin pour 2015 et 2016).

 – Deux décisions de justice ont été rendues… j'ai été relaxé de toute responsabilité dans ces mises en cause. »

La lettre se termine évidemment par les habituelles menaces me mettant en demeure de supprimer « dans un délai de 30 jours le passage me concernant sur votre site Web et de supprimer également ces propos dans votre livre… Faute de quoi j'engagerai des poursuites pour diffamation».

Je lui ai répondu immédiatement et fort aimablement en lui disant : «Afin de répondre à votre demande, au moins de manière provisoire, j'ai supprimé de mon site le passage qui vous concerne et j'ai demandé à mon éditeur de suspendre momentanément la vente du e-book », non sans ajouter  « Cependant, je me réserve le droit d'enquêter sur la réalité des faits. »

Ces faits, les voici!

Je me contente de les tirer directement des motifs de la comparution de XX devant la 16e chambre du tribunal de grande instance de Paris et contenus dans le jugement du 16 janvier 2004 [2].

« Il est établi et non contesté que XX avait adhéré à l'association S... »

« Plusieurs plaintes aussi bien auprès de différents parquets qu'auprès du conseil de l'ordre des médecins étaient déposées à l'encontre de XX »

Suit un triste inventaire que je résume rapidement :

1) une plainte par un malade « atteint du virus HIV », à la suite de laquelle le conseil de l'ordre des médecins avait le 23 mars 1996 prononcé la radiation de NS en indiquant dans ses motivations :

- que le docteur XX « était dotée d'un exceptionnel charisme au service d'une volonté délibérée de mainmise sur le malade exclusive de toute autre velléité de manifestations thérapeutiques en l'espèce.»

– « Qu'elle avait manqué de tact et de mesure dans les honoraires en utilisant [ ... ] des procédés assimilables au charlatanisme ».

– « Qu'elle avait poussé son patient  dans l'association S ».

2) une plainte pour « non-assistance à personne en danger » par les parents d'une jeune fille décédée « enrôlée dans l'association S suite à l'évolution de sa tumeur maligne de la main » et qui exclusivement suivie par la secte n'était pas revenue voir son praticien pendant trois ans.

3) une plainte déposée par le mari d'une patiente décédée d'un cancer du sein  auprès du conseil départemental de l'ordre des médecins

Le tribunal a bien sûr demandé une expertise médicale auprès de trois médecins experts et leurs conclusions ont été les suivantes :

- Pour le premier cas, ils constatent une « méconnaissance complète du traitement de l'affection à HIV », mais déclarent « qu'il n'existait pas de faute caractérisée même si la prise en charge thérapeutique était de mauvaise qualité ». On croit rêver ! Même le moins informé des citoyens savait déjà à cette époque que le sida ne se soigne pas à l'homéopathie.

- concernant le cas de la tumeur maligne à la main ayant abouti à décès, ces experts considèrent qu'on « avait appliqué une thérapeutique totalement inefficace et quasiment charlatanesque, mais n'ayant eu en elle-même aucune conséquence quant à l'évolution de l'état de cette patiente qui avait déjà  suivi des soins classiques pendant 7 ans ». Il semble donc que le fait d'avoir reçu d'abord des soins classiques puis d'avoir été la proie d'un médecin incompétent exonère celui-ci de toute responsabilité dans la mort du patient!  Qu'on se le dise!

- quant au cas de la patiente qui souffrait d'un cancer du sein ayant récidivé par un nodule ils admettent que « les soins apportés […] par le docteur XX avaient retardé le traitement d'une récidive locale et générale du cancer dont est décédée cette patiente ». « Elle n'avait pas apporté de soins consciencieux attentifs et conformes aux données de la science. De ce fait, elle était à l'origine d'un retard important de traitement et donc d'une dramatique perte de chance de survie pour cette patiente ».

Le tribunal après avoir invoqué « les champs respectifs de la causalité directe  et de la causalité indirecte », disserté  des «  faits de la cause », invoqué « un contexte particulier » et rappelé que les trois experts commis «  se sont en réalité tenus à  reprocher [à XX] d'avoir concouru par ses errements à une perte de chance quant à sa survie » ce qui ne permet pas « d'établir un lien de causalité certain entre la faute et le décès » décide qu'il «  convient en conséquence à relaxer XX des fins de la poursuite même si le dossier révèle à plusieurs reprises le bien-fondé de sa radiation définitive de l'ordre des médecins. »

On touche avec cette dernière phrase à des éléments essentiels

D'abord, la vérité scientifique ne s'établit pas dans les prétoires. Un tribunal ne peut juger que sur des faits concrets et avérés or ce qui se passe dans le secret d'un cabinet médical ne peut pas être connu autrement que par les récits du praticien et du patient. Il est donc le plus souvent impossible de présenter des preuves matérielles. C'est parole contre parole! Les juges montrent bien qu'ils ne sont pas en état de condamner l'accusée, mais qu'ils sont fort satisfaits de sa radiation qu'ils croient « définitive ». Nous reviendrons plus loin sur ce dernier mot.

Ensuite parce qu'il existe chez les médecins (comme dans de nombreuses autres professions) un incontestable esprit de corps et que les trois experts qui ont été commis par le tribunal pourraient facilement être accusés  par des esprits mal intentionnés (ce que je ne cautionne évidemment pas) d'avoir été pris dans un conflit de confraternité. Les tergiversations embarrassées de leurs dépositions diffèrent en effet clairement des termes utilisés dans les motivations du conseil Régional de l'ordre qui ont conduit à une double radiation de XX.

En effet préalablement à ce jugement, les 23 mars 1996 et 11 mars 1997, le docteur XX avait été radiée par deux fois.

En 1996 le conseil régional de l'ordre d'Île-de-France avait décrété que : « considérant qu'après audition des parties et examen des pièces figurant au dossier, il est constant que les faits relevés sont contraires à la probité et à l'honneur [...] qu'il échet en conséquence de sanctionner le médecin en cause de la peine de radiation ». L'accusé avait alors faire appel!

Mais dès 1997 le même conseil régional vu la plainte déposée par le conseil départemental de la Ville de Paris déclarait à propos d'un autre cas « que Madame le docteur XX s'est rendu coupable de pratiques charlatanesques ; il s'agit là de récidive ; qu'elle porte en partie la responsabilité du décès prématuré de sa patience, que ces faits prouvés, méritent la sanction la plus sévère à laquelle la juridiction ordinale puisse la condamner»  et avait prononcé « la peine de radiation ».

Je n'en rapporterai pas ici textuellement le détail des attendus contenus dans ces deux décisions afin de préserver les âmes sensibles et de ne pas désespérer les partisans des médecines non conventionnelles.

Je tiens à faire remarquer ici l'attitude remarquable des Conseils du l'ordre départemental de la Ville de Paris et du Conseil régional de l'Île-de-France de l'époque qui ont fait preuve en l'occurrence d'une rigueur en tous points respectable.

Revenons maintenant en 2017 ! De l'eau a passé sous les ponts ! Il est parfaitement évident qu'une personne qui a purgé sa peine (la radiation) a droit à l'oubli de ses dérives passées. Nous ne sommes plus ni en 1996, ni en  1997, ni en 2003 (date de parution de mon livre). Alors, pourquoi cette personne souhaite-t-elle faire disparaître son passé et surtout comment peut-elle encore être en possession d'une carte de médecin ? Une radiation n'est pas une simple suspension et pour le naïf que je suis il y a là une contradiction que je me suis efforcé d'éclaircir.

La vérité est que le docteur XX n'est pas « rangé des affaires ». Elle possède un site Internet et a même publié un livre sur lequel elle fait la promotion d'une nouvelle médecine qui a de quoi se faire tordre de rire n'importe quel physicien. C'est parfaitement son droit, si elle n'utilise pas pour ce faire l'autorité de son titre de médecin. Sur son site on peut lire: « Le Docteur XX n’est pas une personne vindicative, elle croit en l’amour, en l’homme. Lorsque l’on sort des ornières, lorsque l’on ose sortir du cadre, on a souvent contre soi des énergies malfaisantes, nuisibles. » À l'évocation de ces énergies malfaisantes et nuisibles, j'avoue m'être senti légèrement concerné. Pourtant, jusque-là, rien à dire ! Chacun a le droit de prétendre appliquer à la médecine des théories que les spécialistes eux-mêmes ont parfois bien du mal à maîtriser.

La suite est plus problématique lorsqu'elle affirme : «Le Dr XX a été brièvement suspendue comme le prévoit la procédure lorsqu’un médecin est mis en cause dans une affaire de justice. Elle n’a jamais été radiée .[3] »

Comment peut-on avoir été radiée définitivement par deux fois, être à nouveau en possession d'une carte de médecin et pouvoir écrire publiquement que l'on n'a jamais été radiée.

Pour avoir la réponse à ces questions je me suis d'abord adressé au conseil départemental de la Ville de Paris qui m'a fait savoir qu'il ne possédait plus le dossier de l'intéressé lequel avait été transmis à l'ordre d'un département du sud-est de la France où elle résidait actuellement.

J'ai donc contacté cet ordre départemental, j'ai exposé cette apparente contradiction ajoutée au fait que je n'avais pas trouvé le nom de cette praticienne sur le site du Conseil national et surtout j'ai demandé à être reçu. La réponse, fort brève m'a informé que le docteur XX « est inscrite au tableau […] en qualité de médecin retraité. Elle n'apparaît donc pas sur annuaire en ligne du Conseil national des médecins qui ne recensent que les médecins en activité ». Aucune réponse à ma demande d'entrevue, aucune réponse à cette radiation définitive ... qui ne semblait plus être définitive !

Devant cette visible mauvaise volonté à me fournir les explications que je désirais je me suis donc adressé au Conseil national de l'ordre des médecins auxquels j'ai posé le même genre de questions. Il s'en est suivi un échange de plusieurs courriers avec un interlocuteur qui pratiquait à merveille l'art de l'esquive et au cours duquel j'ai dû faire preuve d'insistance pour obtenir les réponses suivantes : « un médecin qui a été radié disciplinairement peut bénéficier d'un relèvement d'incapacité passé un certain délai » (il était précisé que la chose était possible : « après qu'un intervalle de trois ans au moins s'est écoulé… ») et « le docteur XX est en situation régulière d'exercice ». La dernière lettre se terminait par ces mots : « telles sont les précisions que je peux vous apporter ». Visiblement c'était le point final ! J'avais agacé l'Ordre des médecins en cherchant des informations sur une collègue. Sur le fait qu'elle puisse aujourd'hui arguer qu'elle n'a jamais été radiée, pas de réponse et pas non plus la moindre intervention puisqu'un an s'est écoulé et que le site Internet de XX porte toujours les mêmes affirmations mensongères.

Que ceux qui défendent la pratique de certaines médecines non conventionnelles par des médecins sous prétexte de sécurité, réfléchissent bien à la lecture de cet exemple. Il est clair que si les mêmes actes avaient été commis par une citoyenne ordinaire elle n'aurait pas eu droit à une expertise médicale complaisante (les médecins sont particulièrement virulents vis à vis de ceux qui se risquent sur leur domaine [4]), le tribunal n'aurait pas pu se retrancher derrière l'ordre des médecins et il est plus que probable que sa décision n'aurait pas été la même.

 

Pour que cela cesse, signez et faites signer la pétition "pour que cesse l'ambiguïté des pratiques médicales"

C'est ici: https://chn.ge/2H80W0A

 

 

[1] Épuisé sous forme papier, mais à nouveau disponible sous forme ebook aux éditions book – e –book.com

[2] Les décisions de tribunaux sont publiques et chacun peut se les procurer auprès du greffe du tribunal concerné

[3] consulté le 17 avril 2018

[4] À titre d'exemple  en 2016, le conseil de l'ordre des médecins du Tarn-et-Garonne a déposé une plainte devant la justice contre 2 praticiennes de médecine traditionnelle chinoise alors que ces deux personnes possédaient un diplôme reconnu comme légal hors du territoire national. De nombreux exemples de ce type peuvent être cités.

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Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

C'est sans surprise que l'on constate que depuis la publication de la tribune des 124 médecins dans le Figaro les homéopathes ne sont pas restés inactifs. Plusieurs syndicats non représentatifs (l'union collégiale, le syndicat de la médecine homéopathique, le syndicat des mésothérapeutes français, le syndicat des médecins indépendants libéraux européens) annoncent en effet, dans un communiqué, avoir déposé « des plaintes disciplinaires auprès de l'Ordre des médecins envers les signataires de cette tribune ». Faute de pouvoir revendiquer des sanctions envers l'ensemble des signataires dont certains d'ailleurs ont fait usage de pseudonymes, les requérants ont choisi d'attaquer 10 médecins, dont les cinq qui se sont exprimés dans les médias. Ils ne demandent rien moins que des « excuses publiques » et avertissent par la bouche du  Dr Meyer Sabbah, à l’origine de la plainte, que s'ils ne les obtiennent pas ils se proposent de « tirer au sort 2 médecins dans la liste, tous les 15 jours, pour de nouvelles plaintes ».

Comment des médecins n'ont-ils pas perçu que cette méthode rappelle de terribles épisodes de notre histoire?

Le conseil de l'ordre des médecins a déjà pris les devants et dans un communiqué dont le ton fleure bon le jésuitisme d'antan, il déclare d'abord que : «sur ce qui concerne les aspects scientifiques [...] il ne tire d’aucun texte une compétence institutionnelle pour se prononcer. » Étonnant, lorsque l'on sait que le premier rôle du conseil de l'ordre des médecins et de faire appliquer son code de déontologie lequel prévoit dans son article 39 intitulé « charlatanisme » que: «Les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé». Il faudrait admettre que le conseil de l'ordre vit sur une île déserte pour qu'il n'ait pas eu connaissance des conclusions et des décisions des académies nationales européennes dont j'ai parlé plus haut. Il se défausse donc sur l’Académie nationale de médecine, la Haute autorité de santé et l’Agence nationale du médicament et des produits de santé auxquelles il demande de se saisir du sujet. Le Conseil national de l'ordre peut-il croire un seul instant que ces organismes s'aperçoivent brutalement de l'efficacité de l'homéopathie ou cherche-t-il tout bonnement à ne pas avoir à se prononcer et à rompre l'esprit de corps dont il est le promoteur et le défenseur ?

L’ordre national des médecins se considère moins comme le garant de la déontologie (dont il se garde bien de faire appliquer plusieurs articles) que comme un défenseur de la profession ce qui est plutôt ordinairement le rôle des syndicats. On ne peut donc que regretter que le président François Mitterrand n'ait pas fait ce qu'il avait promis dans ses 110 propositions lorsqu'il était candidat : « Le conseil de l’ordre des médecins sera supprimé (proposition 85).»

 

En attendant, signez et faites signer la pétition "pour que cesse l'ambiguïté des pratiques médicales"

C'est ici: https://chn.ge/2H80W0A

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Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

Avant de poursuivre, finissons en une bonne foi avec le débat sur l'efficacité de l'homéopathie.

Après de nombreuses études comportant de multiples biais et des interprétations erronées un coup fatal que chacun se plaisait à penser définitif a été donné en 2005 par la revue The Lancet, le plus grand journal médical international. Celui-ci a en effet publié à cette époque une méta-analyse1 qui conclut qu'elle a trouvé « peu de preuves d'un effet spécifique des remèdes homéopathiques.» À cette occasion le journal est sorti de son habituel flegme et a publié un éditorial musclé qui semblait clore définitivement le débat : «L’heure n’est probablement plus à des études ponctuelles, des rapports biaisés ou à la poursuite de recherches pour perpétuer le débat entre homéopathie et allopathie. Désormais, les médecins doivent faire preuve d’audace et être honnêtes avec leurs patients sur le manque d’effets de l’homéopathie, ainsi qu’avec eux-mêmes sur les échecs de la médecine moderne, pour répondre à l’attente des malades en matière de soins personnalisés.

En 2015 pourtant une étude du Conseil australien de la santé nationale et de la recherche médicale (NHMRC) enfonce le clou et conclut:« L'homéopathie ne convient en aucun cas pour le traitement des maladies chroniques ou des maladies graves. Ceux qui choisissent l'homéopathie mettent leur santé en danger s'ils rejettent ou tardent à prendre des traitements dont l'efficacité est démontrée»2.

Tout dernièrement enfin, dans un nouveau rapport3, l'EASAC (Conseil scientifique des académies des sciences européennes) confirme: «l’absence de preuve solide et reproductible de l’efficacité des produits homéopathiques. »

L'affaire est donc entendue et les homéopathes responsables  admettent aujourd'hui que l'homéopathie n'a aucun effet spécifique et ne fait pas mieux que le placebo.

Encore faut-il savoir que l'effet placebo provient principalement du contexte et ne nécessite donc ni praticien particulier ni produit particulier. Il découle de la sensation qu'a un malade d'être pris en charge, d'être entendu et surtout de la relation interpersonnelle qui s'établit entre le patient et le praticien. C'est pourquoi il convient plutôt de l'appeler « effet contextuel ». Il est prouvé que cet effet est d'autant plus important qu'il est associé à un traitement réellement efficace. Cet effet doit évidemment être pris en compte, mais il doit être mis en œuvre dans le cadre de la médecine basée sur les preuves dont il va alors renforcer l'efficacité4.

Il semblerait logique qu'une pratique incontestablement inefficace et qui n'a pas évolué depuis le XVIIIe siècle soit appelée à disparaître. On peut d'ailleurs penser que la chose finira par se produire si la France, avec son particularisme, ne sert plus de locomotive et d'îlot de résistance. Il est aussi possible que cette disparition, qui nous l'avons vu dans les articles précédents, commence à se produire dans de nombreux pays du monde, soit ce que redoutent  les homéopathes et qui explique  les réactions brutales qu'ils manifestent à la moindre agression.

La connaissance a toujours fini par vaincre l'obscurantisme. L'ambiguïté actuelle disparaîtra tôt ou tard!

(à suivre)

Ceci est le 4e épisode du "feuilleton" associé à la pétition "pour que cesse l'ambiguïté des pratiques médicales".

Sans plus attendre, signez cette pétition (si ce n'est déjà fait) et faites la suivre sur les réseaux sociaux ( même si c'est déjà fait).

Merci pour votre aide!

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1 Étude systématique de Aijing Shang

2 Evidence on the effectiveness of homeopathy for treating health conditions mars 2015 du Conseil australien de la santé nationale et de la recherche médicale (NHMRC)

3 Communiqué de presse - Vendredi 29 septembre 2017

4 Pour approfondir ce sujet, lire l'article « l'effet placebo» sur ce même site.

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Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

Il n'existe guère que l'Espagne et l'Italie qui considèrent tout comme la France que l'exercice de l'homéopathie relève de la médecine et qui remboursent celle-ci si le prescripteur possède un diplôme de docteur en médecine. En Suisse, il a fallu un référendum d'initiative populaire (remporté de justesse avec 50,15 % des voix) pour que l'homéopathie soit remboursée malgré l'opposition de l'Office fédéral de santé publique (OFSP). Dans de rares pays, l'homéopathie est prise en charge par des assurances privées.

Certains pays prennent la voie de la raison et modifient leur législation concernant les produits homéopathiques.

Au Canada, l'homéopathie n'est plus considérée comme un médicament, mais est classée dans les produits de santé naturels.

Aux États-Unis le laboratoire Boiron a dû faire face à six procès collectifs intentés par des consommateurs. Pour éviter un jugement sur le fond, le laboratoire a consenti un accord sur un montant de 5 millions de dollars pour rembourser les clients mécontents qui l'accusaient de publicité mensongère. D'ailleurs désormais faute de pouvoir présenter des études scientifiques valables les produits homéopathiques vendus aux États-Unis doivent présenter  de manière très lisible sur leur étiquette «1) qu’il n’existe aucune preuve scientifique de l’efficacité de ce produit; 2) que les allégations concernant ce produit sont basées uniquement sur des théories datant du XVIIIe siècle, qui ne sont pas admises par la plupart des experts médicaux actuels»[1].

L'Angleterre qui possède pourtant 5 cliniques homéopathiques a déclaré la fin du remboursement de ces traitements considérés comme «au mieux un placebo et un gâchis des fonds limités du NHS».

Voilà de quoi refroidir clairement les amateurs de granules et limiter les prétentions du laboratoire Boiron à l'international, car si l'homéopathie est très populaire en France , il n'en est pas de même dans les autres régions de la planète.

Pour s'en convaincre, il suffit de lire les comptes annuels du laboratoire Boiron[2] qui fournissent le chiffre d'affaires effectuées dans les différents pays pour l'année 2016.

Le chiffre d'affaires effectuées respectivement en France, dans le reste de l'Europe et en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) est de 371 M€, 164 M€ et 65 mM€. Le reste du monde ne dépense que 15 M€. Rapporté aux populations respectives de ces différents pays, il apparaît donc que les Français ont dépensé chacun en moyenne au cours de cette année 5,5 euros, alors que la dépense par individu dans le reste de l'Europe et en Amérique du Nord est respectivement de 0,2€ et 0,18€. Les habitants du monde qui utilisent l'homéopathie ont dépensé environ 32 fois moins que les Français. Il faut de plus préciser que certains pays sont totalement absents de ce rapport et ne consomment donc pratiquement pas d'homéopathie[3].

La vente de ces « médicaments » est pratiquement... homéopathique dans les pays nordiques. Ainsi à titre d'exemple en Suède les produits homéopathiques ne sont pas vendus en pharmacie et la prescription d’homéopathie par un médecin peut même entraîner sa radiation de l’Ordre.

La France qui représente à peu près 1 % de la population mondiale consomme 20 % de la production mondiale de médicaments homéopathiques. On voit bien qu'elle constitue une exception.

Il faut ajouter que l'homéopathie dispose, du fait d'un grand nombre de médecins pratiquant cette discipline confortable, d'un lobby puissant et vindicatif et qu'elle bénéficie  d'une mansuétude incompréhensible de la part d'un conseil de l'ordre plus occupé à préserver les privilèges des médecins qu'à faire appliquer son propre code de déontologie.

(À suivre)

Rappel de ma pétition: https://chn.ge/2H80W0A

Si vous en partagez le contenu, signez la et surtout faites la suivre à vos amis et connaissances.

 

 

[1] Depuis le 15 novembre 2016

[2] ACTUS-0-48100-boiron-document-de-reference-2016

[3] il existe bien dans certains pays quelques petits laboratoires dont la production est insignifiante.

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Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

Il n'est nul n'est besoin d'avoir fait de longues études de langues pour comprendre le texte qui figure sur la photographie qui est en tête de ma pétition: https://chn.ge/2H80W0A

J'ai pris ce cliché, il y a déjà bien longtemps, dans une rue de Lisbonne. Ce jour-là, je me suis dit que les Portugais étaient vraiment des gens d'une grande sagesse pour avoir su mettre l'homéopathie à sa vraie place : dans le même sac que l'astrologie.

Cette photo a longtemps figuré sur la page d'accueil de ce site où elle a eu un certain succès. Un centre hospitalier suisse m'a même envoyé un courriel pour me demander l'autorisation de l'utiliser en disant (je cite de mémoire) : « votre photo figurera longtemps dans la salle d'accueil de notre hôpital ».

Ces souvenirs m'amènent à préciser un point qui me semble de la plus grande importance : les Français ont une vision totalement biaisée de l'homéopathie.

(à suivre)

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Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

Je viens de mettre en ligne une pétition "pour que cesse l'ambiguïté des pratiques médicales".

 c'est ICI

Ma démarche se veut pragmatique, tolérante mais rigoureuse.

Si vous en partagez le contenu, signez-la et surtout faites-la suivre à vos amis et connaissances.

Merci d'avance.

Jean Brissonnet

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Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps
Comme certains d'entre vous le savent certainement l'AFIS (Association Française pour l'Information Scientifique) a organisé lors de son assemblée générale du Samedi 21 mai 2016 une table ronde dont le sujet était : « La médecine basée sur les preuves : médecine scientifique et médecines non conventionnelles ». Les intervenants étaient Alain BOURGUIGNAT, médecin biologiste praticien (biochimie, immunologie, hématologie), administrateur du comité départemental 93 de la Ligue contre le Cancer, Catherine HILL, épidémiologiste et biostatisticienne, chercheuse à l’institut Gustave Roussy, ancienne membre du Conseil scientifique de l’Agence du médicament et moi-même.

Ces interventions ont été filmées et, en principe, les vidéos qui en résulteront doivent être mises par l'AFIS sur Internet. 

La mise en ligne ne saurait certes tarder , mais j'ai pensé qu'il n'était pas inutile de mettre, sous forme d'article, le contenu de mon intervention à la disposition de ceux qui sont intéressés par ce sujet. D'autant plus que cette variante offre la possibilité de mieux détailler certains points, de fournir les références indispensables et de ne pas attendre que le sujet soit trop « moisi ».

Jean Brissonnet

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Médecine basée sur les preuves :

médecine scientifique et médecines non conventionnelles.

Soigner c’est aider le sujet malade à choisir la solution qu’il juge la plus utile pour lui

Pr Claude Beraud

I) La médecine basée sur les preuves, ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas.

a) Définition

Le terme « Evidence-Based Medicine » a été inventé dans les années 1980 au Canada par Gordon Guyatt pour une pratique qui se développait depuis une dizaine d'années.

Elle s'appuie sur trois bases ( schéma ):

– l'expérience clinique du praticien.

– Les données de la recherche.

– les préférences du patient.

C'est l'intersection de ces trois éléments qui va mener à la décision clinique

La médecine basée sur les preuves : médecine scientifique et médecines non conventionnelles
b) controverses et oppositions.

Cette notion a donné lieu à de nombreuses controverses et provoquée des oppositions souvent inavouées, car:

— 1) le terme « évidence » que l'on peut traduire par « preuves » ou « faits probants » a beaucoup desservi cette notion auprès des médecins. On peut en effet croire qu'il s'agit d'une pratique médicale « scientiste » où seuls comptent les résultats scientifiques et qui nie l'expérience pratique du praticien. Ce qui entraîne de facto la crainte d'une dévalorisation de la profession.

— 2) Dans cette conception de la médecine, le médecin doit s'informer régulièrement des résultats de la recherche, ce qui suppose une consultation de données informatiques, la lecture d'articles scientifiques et sous-entend un besoin impératif de formation permanente. Beaucoup de praticiens ont pensé que cela constituait une charge matérielle difficile à assumer faute de temps.

— 3) Le fait que le patient puisse dialoguer avec le praticien et donner son avis a semblé être une mise à mal du « pouvoir médical » que critiquait il y a déjà bien longtemps Bernard Kouchner.

De ce fait, ce troisième volet a été le plus souvent ignoré.

On peut en trouver la preuve en examinant le schéma suivant qui est proposé dans un article de formation sur l'EBM dans lequel le pôle "préférences du patient", qui traduit pour celui-ci une attitude active, a été remplacé par "données du patient", qui le maintient délibérément dans un rôle de sujet passif .

La médecine basée sur les preuves : médecine scientifique et médecines non conventionnelles

Notons enfin pour mémoire que, en France, la notion d'EBM a été l'objet d'une opposition farouche des psychanalystes. On pouvait lire sous la plume de l'un d'entre eux un article intitulé : « pour en finir avec les invasions barbares de l'Evidence Based Medicine ». Heureusement, la psychanalyse est aujourd'hui clairement déconsidérée et ses praticiens les plus prudents quittent silencieusement le navire par une reconversion discrète vers des disciplines annexes (EMBR,hypnose...) souvent tout aussi critiquables.

Ainsi, l'EBM conçue pour humaniser et améliorer le fonctionnement de la médecine clinique est devenue pour certains le symbole d'une médecine déshumanisée s'appuyant uniquement et mécaniquement sur les résultats issus des bases de données de la recherche scientifique.

Cette opposition est injustifiée et préjudiciable:

Injustifiée parce que:

– La dévalorisation de la profession médicale est un fantasme que rien ne justifie. Nous verrons d'ailleurs plus loin qu'à l'opposé, le médecin généraliste deviendra sans contexte l'un des pivots de la médecine du futur.

– Le besoin de recherche documentaire est incontestablement consommateur de temps et parfois rendu difficile par l'absence de formation à ce sujet des médecins cliniciens. Encore ne faut-il pas exagérer cette contrainte, car il existe des aides de plus en plus nombreuses dans ce domaine. On ne citera pour mémoire que les synthèses de la collaboration Cochrane ou encore les sites et journaux d'EBM qui ne pourront que se multiplier si le besoin s'en fait sentir. Encore faut-il que les médecins se montrent demandeurs à ce sujet et on est en droit d'être inquiet lorsqu'on sait qu'un journal comme « Prescrire », infatigable défenseur d'une médecine scientifique, n'a qu'environ 30 000 abonnés sur les 198 000 médecins que compte la France. Il est aussi à noter que les abonnements à cette revue qui avaient augmenté au moment de l'affaire du Mediator sont actuellement en diminution de 6 %.

Préjudiciable car :

La participation du patient à l'élaboration de son traitement est un élément essentiel pour la mise en œuvre de l'effet contextuel (dit aussi effet placebo) qui est , on le sait maintenant, principalement dépendant de la relation patient praticien et peut donc parfaitement se passer "d'objet placebo" ( granules, aiguilles, cristaux, fleurs de Bach, etc...). Cette relation sera d'autant meilleure que le patient aura participé aux décisions qui le concernent.

II) Les médecines non conventionnelles.

Les médecines non conventionnelles sont variées dans leurs fondements, leurs pratiques et leurs ambitions. On en dénombre actuellement plus de 400 qui vont de l'homéopathie à la guérison par la prière en passant par l'arenotherapie[1].

Les articles concernant telles ou telles médecines non conventionnelles sont nombreux et disponibles à tous ceux qui veulent bien les consulter. Il est donc préférable de se placer globalement et de répondre à l'éternelle objection qui consiste à dire que si ces disciplines n'ont pas fait la preuve de leur efficacité, c'est parce qu'elles n'ont pas été assez étudiées.

Il est en effet possible d'opposer à cette affirmation au moins trois éléments de jugement :

– La « collaboration Cocherane » association britannique qui étudie tout ce qui est publié dans le domaine de la santé a répertorié 598 études sur les médecines non conventionnelles. Les résultats de ces études sont, soit négatifs soit présentent des conclusions du genre : « globalement, les preuves disponibles sont en faveur de XX, cependant la qualité et la quantité des preuves fournies ne suffit pas à importer une complète conviction ». En langage diplomatique, aucun résultat positif ne peut être répertorié et les seules études qui ne sont pas clairement négatives ne convaincront que les convaincus. Ce qui n'empêche pas les partisans de ces disciplines de citer régulièrement ce type de conclusions en « oubliant » les réserves présentées.

– L'étude « Alternative thérapy » a été réalisée par le « British médical association » à la demande du prince Charles. Ce dernier, grand partisan des médecines non conventionnelles, a demandé aux scientifiques d'étudier l'efficacité de ces pratiques, sans doute persuadé qu'il y trouverait une justification à ses croyances. Le professeur Capron[2], lors de son audition auprès de la commission du Sénat[3], a parfaitement résumé le résultat de ce travail : « le rapport est d'une sévérité extrême » et il a comparé le résultat de cette étude à «un champ de ruines ». L'histoire ne dit pas si le prince a cessé d'absorber des granules...

– Les études du NCCAM« Centre national pour la médecine complémentaire et alternative » au sein du « National institut of heath ».

C'est sans nul doute l'élément le plus important. Cet institut, créé sous la pression des lobbys promédecines douces [4], a dépensé en 10 ans environ 2,5 milliards de dollars et n'a pas obtenu le moindre résultat positif. Il fait l'objet d'une opposition croissante de la part des milieux scientifiques. Dans son livre publié en 2013, « Croyez - vous à la magie? » Paul A. Offit - Professeur de vaccinologie et de pédiatrie à l' Université de Pennsylvanie écrit:

"Depuis sa naissance, en 1999, les responsables NCCAM ont dépensé environ 1,6 milliard $ pour étudier les thérapies alternatives. Ils ont dépensé 374.000 $ de l' argent des contribuables pour savoir que l' inhalation de parfums de citron et de lavande ne favorise pas la cicatrisation des plaies; 390.000$ pour savoir que les anciens remèdes indiens ne contrôlent pas le diabète de type 2; 446.000$ pour trouver que les matelas magnétiques ne traitent pas l' arthrite; 283.000$ pour découvrir que les aimants ne traitent pas les migraines; 406.000$ pour déterminer que les lavements de café ne guérissent pas le cancer du pancréas et 1,8 million $ pour savoir que la prière ne guérit pas le sida ou les tumeurs du cerveau ou n'améliorent pas la guérison après une chirurgie de reconstruction mammaire."

Il est d'ailleurs à noter qu'à la suite de la mort de Steve Jobs [5], Joséphine Brings directrice du NCCAM a écrit sur son blog une mise en garde contre l'abandon des traitements conventionnels où, elle déclare concernant ces médecines : «les éléments de preuve ne sont pas là».

D'ailleurs, le NCCAM est aujourd'hui devenu Centre national pour la santé complémentaire et intégrative (NCCIH) et s'occupe moins d'apporter des preuves que de faire en sorte que ces médecines non prouvées soient malgré tout intégré dans le cadre du système de santé.

En résumé:

Une seule chose rassemble toutes les médecines non conventionnelles : aucune n'a fait la preuve de son efficacité. On pourrait donc les regrouper sous le terme de médecine non prouvée. La seule action éventuelle de ces médecines est due à l'effet contextuel (placebo). Elles n'ont donc rien à faire dans un parcours de soins, mais peuvent éventuellement s'intégrer dans un parcours de bien-être.

III)L'ambiguïté de la situation actuelle en France

Il est d'abord à noter que l'on confond trop souvent maladie et mal-être et qu'il existe une différence entre soigner et procurer du bien-être

Donnons en une illustration:

  • la crénothérapie (cures thermales) est pratiquée par les médecins, elle est prise en charge par la collectivité et prétend soigner alors qu'elle n'a jamais fait la preuve d'une efficacité spécifique.
  • La thalassothérapie ne se prétend pas une médecine, n'est pas pratiquée par des médecins et n'est pas prise en charge par la sécurité sociale. Elle ne vise qu'au bien-être des curistes et y réussit fort bien.

Pourquoi cette confusion ? Pourquoi cette différence de traitement ?

– Le poids d'un passé où l'on ne disposait pas des moyens d'évaluation moderne de l'efficacité et où la place d'une discipline se basait sur la constatation qui devait beaucoup au sophisme « Post hoc ».

– La présence depuis 1940 d'un Conseil de l'ordre des médecins (CMOM), initialement crée par le régime de Vichy pour pourchasser les médecins juifs, dont l'existence est contestée par une grande quantité de médecins [6]et qui, outre de se comporter systématiquement comme un frein à toute évolution, permet aux médecins qui le désirent (1 médecin sur 4 [7]) de violer son propre code de déontologie. La suppression du CNOM faisait d'ailleurs l'objet de la proposition numéro 85 des « 110 propositions pour la France »du candidat François Mitterrand lors de l'élection de présidentielle de 1981. Elle n'a évidemment pas été concrétisée !

Pour préciser les choses, rappelons que l'article 39 du code de déontologie médical stipule pourtant : «Les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Toute pratique de charlatanisme est interdite ». Plusieurs autres articles affichent d'ailleurs la même exigence de rigueur scientifique.

Cette mansuétude de l'Ordre pour les médecines non conventionnelles est totalement inadmissible. Celles-ci, ne doivent utiliser ni l'argent de la collectivité sociale ni le "temps de cerveau" des médecins .

VI) Une vision d'avenir.

Pour les médecines non conventionnelles.

Il ne saurait évidemment être question de lancer une chasse aux sorcières qui serait de toute façon sans espoir. Il serait injuste de jeter l'anathème sur les citoyens qui souhaitent faire confiance à ces médecines, aussi farfelues soit-elles. Les citoyens ont le droit de vivre, de mourir et de se soigner comme ils l'entendent, à condition de n'être pas trompés par l'argument d'autorité médicale. D'ailleurs, les seuls drames provoqués dans le passé par les médecines non conventionnelles sont ceux ou un médecin intervenait comme caution scientifique. Certains connaissent sans doute le cas de Nathalie de Reuck dont la mère est morte d'avoir fait confiance à trois authentiques médecins pratiquant la médecine de Hamer. Il y a malheureusement bien d'autres exemples à l'appui de cette constatation.

Les pratiques médicales non prouvées ne doivent donc faire l'objet d'aucune reconnaissance, mais pourraient parfaitement être tolérées (comme l'astrologie ou la Chiromancie), soumises à la loi commune en matière de conséquences et surveillées pour ne pas servir, comme c'est malheureusement le cas aujourd'hui trop souvent, de marchepied aux sectes.

Les patients pourraient parfaitement avoir recours aux médecines non conventionnelles, même dans le cadre des hôpitaux (les aumôniers des différentes religions sont bien admis à l'hôpital pourquoi les guérisseurs ne le seraient-ils pas? ), à condition que ce soit vraiment à la demande du patient, à ses frais et surtout que le corps médical ne serve ni d'intermédiaire ni d'acteur et surtout qu'il ne laisse jamais à penser que ces pratiques sont intégrées au protocole médical, ce qui est maintenant parfois le cas dans certains hôpitaux[8] .

Pour la médecine conventionnelle.

Pour cerner ce que devrait être la médecine du futur, le mieux est de se tourner vers un médecin qui n'a peur de passer ni pour un provocateur ni pour un révolutionnaire. Le Pr Guy Vallencien[9], chirurgien urologue, cancérologue et membre de l'Académie de médecine, dénonce "l'incroyable désorganisation de notre système de santé" et affirme que "les usagers du système [des patients aux médecins, en passant par les administrations et les organismes de l'assurance-maladie] ont perdu le sens de leurs responsabilités"[10].

Dans un article paru dans les échos le 23 octobre 2015 et intitulé « pour une autre médecine », il écrit:

L'heure est aux propositions et non plus à la résistance : le rôle et la place du médecin dans la société du XXIe siècle qui s'ouvre sont à repenser dans le cadre d'un système de santé débordant largement l'organisation des seuls soins et laissant au vestiaire nos vieux oripeaux.

1. Les malades de mieux en mieux informés et de plus en plus responsables que nous devrons systématiquement intégrer dans l'évaluation des résultats de notre pratique médicale.

2. Les technologies de l'information et du numérique, capables d'assurer nombre de diagnostics, de proposer la meilleure thérapie et éventuellement de la réaliser par elles-mêmes, en toute efficacité et sécurité. [robot opération de la prostate, anesthésie et prothèse de hanche]

3. La bascule d'une médecine uniquement centrée sur le tout-soin vers une prise en charge globale des malades....

On retrouve là le rôle du praticien, l'avancée de la recherche médicale et l'écoute du patient, ce qui rejoint ce que voulait être la médecine basée sur les preuves, dans une version francisée, modernisée et rebaptisée « médecine globale ».

Car il poursuit:

Dans ce schéma, le médecin généraliste deviendra le vrai MG (médecin global) assurant la synthèse des diverses informations émanant des spécialistes. Ce rôle de véritable intégrateur de données, de « bioconseiller » et d'homme de confiance formera le pivot d'un système sanitaire adapté à son temps.

Il ajoute quelques remarques qui ont dû donner des sueurs froides aux membres du conseil de l'ordre et aux responsables des syndicats médicaux :

Ne nous voilons pas la face : la médecine a perdu son caractère libéral depuis que la Sécurité sociale subventionne les médecins.

Une réforme profonde des études médicales intégrant ces nouvelles pratiques est nécessaire ainsi que d'autres modes de rémunération et une concentration des professionnels regroupés dans des maisons et centres de santé....

Il est urgent d'entreprendre cette mutation pour servir les malades et les blessés qui se confient à nous !

Puisse ce médecin visionnaire être entendu pas les différentes autorités qui régissent la médecine !

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[1] L'arénothérapie est la reconstitution artificielle de la psammatothérapie qui consiste pour les curistes à s'enterrer quelques minutes dans le sable très chaud des dunes du Sahara. Ce traitement est supposé être efficace contre les rhumatismes, la polyarthrite, les lombalgies, certaines maladies de peau etc..

[2] Le Pr Loïc Capron est président de la CME (commission médicale d’établissement) de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris).

[3] Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé (2013), Tome II : procès-verbaux des auditions

[4] La première incarnation du NCCAM a été crée en 1992 par le sénateur Tom Harkin qui était convaincu que le pollen d'abeille avait guéri ses allergies.

[5] Jobs était atteint d'une forme relativement rare et plus simple à traiter de tumeur du pancréas, une « tumeur neuroendocrinienne des îlots de Langerhans ». Il refuse de subir une intervention chirurgicale. Sur les conseils d'un médecin, il lui préfère un régime alimentaire végétarien strict avec une grande quantité de carottes et de jus de fruits frais, des séances d'acupuncture et divers autres remèdes à base de plantes. Neuf mois plus tard, il accepte de se faire opérer, mais il est trop tard: le foie est atteint et il mourra malgré une transplantation.

[6] À ce propos on lira avec intérêt sur le site "Le contreordre" un article publié dans sur "Rue 89" intitulé "L’ordre des médecins, verrue de la République" (http://www.contrordre.org/p/la-verrue.html)

[7] On considère que 24 000 médecins français, soit un médecin sur 4 pratiquent une médecine alternative. Même certains hôpitaux accueillent aujourd’hui ces autres médecines pour proposer une palette de soins plus complète. (Serge Blisco)

[8] L'auteur de cet article en a malheureusement été le témoin

[9] Guy Vallancien est chirurgien, membre de l’Académie Nationale de Médecine. Professeur d’urologie à l’Université Paris Descartes, spécialiste en cancérologie chirurgicale mondialement reconnu. Il a conseillé plusieurs ministres de la santé et réfléchit sur le thème de l’organisation des soins dans le cadre de la Convention on Health Analysis and Management (CHAM) qui réunit des experts et décideurs en matière de santé.

[10] La santé n'est pas un droit : Manifeste pour une autre médecine - Guy Vallancien (prologue)

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Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

Ma boîte à lettres sur laquelle est clairement affiché que je refuse toute publicité m'a cependant livré, il y a quelques jours, un magazine évidemment gratuit, dont je dois sans doute être le destinataire du fait de mon état de retraité. Je suis donc le candidat rêvé pour cette mine d'or qui, parmi les maladies chroniques de ceux qui avancent en âge, est une pépite qui fait la fortune de bon nombre de membres du corps médical: l'arthrose.

Ce magazine intitulé « Pleine vie » annonçait à la une l'article phare de la publication : « arthrose (coût, genou), les médecines douces soulagent vraiment ! » Suivaient des sous-titres qui ne laissaient aucun doute sur les orientations de l'article : « douleurs naissantes ou chroniques, les solutions naturelles pour les oublier » et « Phyto, homéo, ostéo, thermalisme : les traitements efficaces ».

Le décor était planté.

Je feuilletais alors d'un œil serein cette publication m'attendant à y trouver les habituelles litanies et les affirmations gratuites des partisans des médecines non conventionnelles.

C'est alors que mon attention fut attirée par la colonne qui indiquait les noms et les titres des « experts » qui avaient été sollicités et parmi lesquels on pouvait trouver la professeure Martine Cohen-Solal, rhumatologue, directrice de l'unité Inserm 11-32, biologie de l'os et du cartilage, hôpital Lariboisière à Paris.

Hélas, il me fallut vite déchanter, car dans la même colonne avec le même formatage se trouvait le docteur Didier Feltesse médecin ostéopathe, le docteur Éric Lorrain ostéopathe phytothérapeute, le docteur Jean-Louis Masson homéopathe et Vincent Renard chiropracteur, porte-parole de l'association française de chiropraxie.

La lecture de l'article me fit comprendre comment il était possible de manipuler une authentique scientifique pour la faire cautionner, involontairement j'espère, les affabulations de ces croyants.

Mise à part une rapide introduction destinée à définir la maladie et un encadré qui indique les nouvelles pistes thérapeutiques, la professeure Cohen-Solal n'avait nulle part la possibilité de donner sa caution explicite aux médecines non complémentaires (dites douces) ici encensées.

Le cœur de l'article ne donnait la parole qu'aux autres « experts ». Le docteur Feltesse enfonçait une porte ouverte en rappelant que le cou est « une zone très mobile et fragile, car peu protégée », quant au docteur Lorrain lui aussi ostéopathe, il précisait que « le diagnostic ne peut être posé qu'après la radiographie ». C'est ce qui s'appelle donner un coup de pied de l'âne à tous les ostéopathes non médecins, qui eux ne peuvent pas prescrire de radiographie. Malin non ! Le phytothérapeute proposait une formule-choc composée d'« extraits fluides de plantes fraîches standardisées préparées en pharmacie », quant à l'homéopathe il nous conseillait sans honte 5 granules de radium bromatum 9 CH, une à trois fois par jour. Le thermalisme n'était pas lui non plus oublié puisqu'on y affirmait en grosses lettres son « efficacité prouvée dans la gonarthrose » et que les eaux soufrées étaient fort bénéfiques. La preuve de tout cela nous était apportée en nous priant de nous référer au site des thermes de Cauterets ou de la station thermale de Jonzac. Nul doute que l'on puisse trouver sur ces sites des références de grandes qualités publiées dans les journaux internationaux à comité de lecture et totalement indépendantes de tout intérêt économique.

Tout cela ne prêterait évidemment qu'à rire si une authentique scientifique n'était mélangée à cette soupe indigeste. Je me suis donc fait un devoir de prévenir la professeure Cohen-Solal du rang auquel elle avait été ravalée.

Je lui ai donc fait parvenir un courriel.

Après m'être présenté, j'ai écrit : « Si je vous contacte aujourd'hui, c'est que je viens de recevoir gratuitement une revue intitulée « Première vie, le magazine des couleurs du temps ». Vous trouverez en pièces jointes les pages 6 et 7 de cette revue dans laquelle vous êtes citée.

Dans ce dossier sur l'arthrose du cou et du genou suivi en gros caractères par : « les médecines douces qui vous soulagent » vous êtes citée en tant qu'experte au côté d'un médecin ostéopathe, d'un ostéopathe phytothérapeute, d'un homéopathe et d'un chiropracteur.

La lecture du dossier ne vous évoque clairement que dans son introduction dans laquelle vous êtes cités de manière irréprochable et dans un encadré intitulé « les nouvelles pistes thérapeutiques » où l'on parle de votre projet de l'équipe l'unité Inserm 11-32 de l'hôpital Lariboisière et dont le contenu est parfaitement conforme à ce que l'on attend de la médecine basée sur les preuves.

Ce qui m'amène à vous, c'est que le reste du dossier est une véritable propagande pour les médecines non conventionnelles avec comme seule référence « la chaîne thermale du soleil », « les thermes de Cauteret » et les affirmations purement gratuites et non référencées de ceux qui sont cités avec vous, à égalité, comme experts.

Ce qui me choque dans ce dossier ce n'est pas la propagande qui est faite pour ces pseudo médecines. Ce journal n'est malheureusement pas le seul à se livrer à ce genre de démagogie. Par contre, le contexte et la rédaction du dossier sont faits de telle manière que le lecteur moyen considérera que vous avez validé l'ensemble de ce dossier. Une fois de plus, ces médecines non prouvées font appel à l'argument d'autorité d'un authentique expert scientifique. Vous !

Ma question est la suivante : «Étiez-vous au courant de la manière dont était rédigé ce dossier, étiez-vous d'accord pour servir de caution scientifique à cet ensemble d'affabulations ? »

Je l'avertissais avec franchise que sa réponse (ou son absence de réponse) serait utilisée dans un article à publier. Je terminais en disant que j'espérais que sa bonne foi avait été surprise.

Sa réponse fut aussi rapide que laconique. En me remerciant de lui avoir fait parvenir cet article, elle écrivait simplement :
« Je n'avais pas vu la maquette finale de cet article. Néanmoins, la petite phrase d'introduction et la partie recherche sont vraies. Le reste ne relève pas de mes dires, et n'est pas signalé comme tel. »

On pourrait s'étonner du peu de réactions de cette scientifique. On aurait pu penser qu'elle aurait sauté sur le char de Ben Hur et aurait fouetté ses chevaux pour monter à l'assaut de ceux qui l'avaient prise par surprise et lui avaient fait cautionner implicitement des médecines dont elle ne peut ignorer l'inefficacité. On aurait tort !

Nous ne supputerons pas ici de son avis personnel, mais il est évident qu'elle ne pouvait pas faire connaître un avis négatif qui serait revenu à discréditer les trois autres médecins présents dans article, sous peine de s'attirer les foudres du Conseil de l'ordre des médecins. Faut-il rappeler que le professeur Marcel Francis Khan malgré sa notoriété a reçu un blâme du conseil de l'ordre pour « manque de confraternité », car, sur les antennes de France Inter, il avait traité les homéopathes de charlatans.

Disons-le encore ici clairement . Les médecins conformément à l'article 39 de leur code de déontologie (que le Conseil de l'ordre en question laisse violer délibérément) n'ont pas le droit de proposer à leurs patients «des traitements ou des médicaments inefficaces ou insuffisamment insuffisamment éprouvés ».

Les médecines non conventionnelles au droit de cité, car chacun a droit de choisir la manière dont il désire se soigner a ses risques et périls, mais il doit pouvoir le faire en connaissance de cause sans être trompé par des médecins qui prostituent leurs diplômes par intérêt personnel et d'un Conseil de l'ordre qui se fait leur complice.

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