Pendant que nos traders des pays développés s'amusent à jouer au yo-yo avec la bourse, l'Afrique meurt de faim.
En Somalie, c'est une véritable hécatombe. Un enfant sur 10, âgé de moins de cinq ans, meurt toutes les 11 semaines, ce qui signifie que 13 enfants sur 10 000 meurent chaque jour en raison de la famine. Près de 4 millions de personnes sont menacées. Au-delà de la nécessité d'une action immédiate, qui demanderait une aide d'un milliard de dollars et qui est loin d'être réunie, il est bon de se poser la question de savoir comment on a pu en arriver là.
Un rapport de la FAO publié en juillet tente de faire le point. Il montre que depuis une dizaine d'années les prix des denrées alimentaires sont extrêmement fluctuants et tendent à suivre une courbe ascendante.
De nombreux facteurs permettent d'expliquer cette situation: spéculation, arrêt des exportations en temps de crise, distribution inégale des stocks alimentaires, déclin des investissements et des dépenses publiques dans l'agriculture depuis des années 1980.
En fait, on se trouve devant une demande grandissante de denrées alimentaires. Ce n'est pas d'ailleurs qu'il n'y ait pas assez de ressources pour y répondre, mais c’est parce que, du fait de la hausse des revenus et de l'urbanisation des pays émergents, on observe une modification des habitudes alimentaires. Dans les pays asiatiques la consommation de lait augmente et encore plus celle de la viande. Par contre la consommation de céréales n'a augmenté que de 1,8 % depuis les années 1980.
La FAO présente un ensemble de propositions dont la plupart sont d'ordre politique : coordination des interventions au niveau mondial, mise en place d'un système d'information des marchés de l'agriculture, informations précises sur la demande, création d'une alerte précoce, coopération internationale concernant les stocks alimentaires mondiaux.
Mais au-delà de ces mesures, la FAO pointe la responsabilité importante du développement des biocarburants. C'est de ce côté que vient principalement la hausse de la demande. Cette industrie absorbe 40 % du maïs produit aux États-Unis et les deux tiers des huiles végétales de l'Union européenne. C'est pourquoi l'organisation internationale demande qu'on exige des gouvernements qu'ils cessent toute forme de subventions, d'exonération et d'obligation d'achat dans ce domaine. Ces mesures sont évaluées à 5,6 milliards d'euros en Europe et aux États-Unis, alors qu'en parallèle le soutien à tous les autres secteurs agricoles s'est amenuisé.
Le développement des biocarburants considérés par certains écologistes comme une panacée et un substitut du pétrole, en entraînant la diminution des surfaces cultivables réservées aux productions alimentaires, est en grande partie responsable des famines présentes et à venir.