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Les pseudo-médecines

Lutter contre la desinformation en matière de science et presenter la réalité des principales medecines non conventionnelles

Publié le par Jean Brissonnet
Publié dans : #Au fil du temps

Lorsque j'ai commencé à m'intéresser aux problèmes des médecines non conventionnelles, il y a fort longtemps (20 ou 25 ans, je préfère ne pas mesurer avec exactitude), il fallait ferrailler ferme avec les partisans des médecines qui alors se drapaient du terme de : « douce , complémentaires, etc., etc. »

Il fallait expliquer les habituels sophismes (post hoc, corrélation causalité…) et faire œuvre pédagogique. Ce que je fis de mon mieux dans un livre intitulé : «Les médecines non conventionnelles ou les raisons d'une croyance».

Puis, le temps passant, la constatation, à peu près unanime, que toutes les études présentées comme favorables à ces médecines et tout particulièrement à l'homéopathie sont, soit biaisées, soit méthodologiquement lamentables et qu'elles pousseraient le moindre thésard à se couvrir la tête de cendres, le ton a changé.

Il n'y a plus guère que ceux qui en profitent pour défendre l'homéopathie.

Le coup de grâce (c'est ce que je croyais) a été asséné lorsque le plus grand journal médical international à comité de lecture The Lancet a publié une méta-analyse à propos de laquelle la rédaction du journal pouvait écrire :

«L’heure n’est probablement plus à des études ponctuelles, des rapports biaisés ou à la poursuite de recherches pour perpétuer le débat entre homéopathie et allopathie. Désormais, les médecins doivent faire preuve d’audace et être honnêtes avec leurs patients sur le manque d’effets de l’homéopathie, ainsi qu’avec eux-mêmes sur les échecs de la médecine moderne, pour répondre à l’attente des malades en matière de soins personnalisés. »

Dans ma grande naïveté, je pensais que le débat était clos.

D'ailleurs même dans ses plus récentes dérives, l'Académie de Médecine n'ose plus prononcer le mot "homéopathie" de peur de se couvrir complètement de ridicule (il faut dire qu'ils ont déjà pour ce faire la présence du professeur Montagnier).

Et pourtant! Différents pays dépensent encore de l'argent pour prouver ou infirmer des évidences.

The Australian National Heath and Medical Research Council (NHMRC) est : (je cite) « le principal organe d'experts de l'Australie pour promouvoir le développement et le maintien des normes de santé publique et individuelle ». Il s'appuie « sur les ressources de toutes les composantes du système de santé, y compris les gouvernements, les médecins, les infirmières et les professionnels paramédicaux, chercheurs, enseignement et recherche, les gestionnaires de programmes publics et privés, les administrateurs des services des organismes de santé communautaire, les chercheurs et les consommateurs de santé sociale ». On s'étonne que les « techniciens de surface » de cet organisme n'aient pas été explicitement cités…

Le NHMRC ne fait pas de recherche primaire, il se contente d'examiner les études existantes et, il faut bien l'avouer, avec un niveau de très grande qualité et de très grandes exigences.

Eh bien, croyez-le ou non le NHMRC a entrepris une étude publiée le 2 juin 2014 pour répondre à la question : « l'homéopathie est-elle un traitement efficace si on la compare à l'absence d'homéopathie ou à d'autres traitements ».

Nous aurions pu bien évidemment lui fournir la réponse, mais il faut croire que certains pays disposent de crédits inemployés qu'il faut liquider derechef, à l'instar des militaires qui font voler les avions pour dépenser l'essence qu'ils ont en trop

Pour prévenir toute contestation, ils se sont assuré (pour valider la méthodologie de l'étude) la participation de quelques sommités qui, de notoriété publique, font preuve d'une très grande largeur d'esprit vis-à-vis des médecines non conventionnelles. Mieux vaut prévenir que guérir !

Le NHMRC s'est efforcé de tout passer en revue. Plus de 68 conditions dans lequel les produits homéopathiques sont commercialisés (asthme, grippe…) ont été étudiées. Il n'y manque que les soins à donner aux victimes de la chute d'un satellite ou à ceux qui ont fait une tentative de suicide en se jetant sous un TGV !

Nous apprenons sans étonnement que la conclusion qui est sortie de ce travail est que les études homéopathiques ne sont pas de bonne qualité, conçues avec insuffisamment de participants et que l'homéopathie n'a pas causé d'amélioration supérieure à celle d'une substance sans effet (placebo) ou à celle d'un autre traitement.

En bon sceptique, on se dit évidemment que ce genre de rapport, comme tous ceux qui l'ont précédé, n'aura aucun impact sur l'utilisation des traitements « bidon ».

Peut-être a-t-on tort, car on apprend dans un rapport effectué par la Chambre des communes au Royaume-Uni qu'un hôpital homéopathique sur les quatre existants vient de fermer ses portes et que les dépenses de produits homéopathiques sont en déclin.

Et la France ? Parmi tous les pays du monde, devrons-nous chanter, parodiant Edie Mitchell, « et s'il n'en reste qu'un [pays croyant à l'homéopathie] serons-nous celui-là ?»

* http://consultations.nhmrc.gov.au/public_consultations/homeopathy_health

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