Chers amis.
Comme vous avez pu le constater, il y a déjà bien longtemps que je n’ai pas posté d’article sur ce site. Une certaine lassitude sans doute de lutter, depuis près de 15 ans, contre l’irrationnel dans le domaine de la médecine et l’impression qu’on est en train de perdre la guerre. La constatation, aussi, du fait que l’information passe de moins en moins, sur Internet, par des textes argumentés et que beaucoup d’échanges se font aujourd’hui sur les réseaux sociaux pour lesquels, je dois bien l’avouer, je n’ai qu’une inclination très relative.
L’idée m’était bien venue précédemment de publier un nouveau livre, indépendamment de toute organisation, de toute association et de tout conflit d’intérêts où je pourrais exposer tout ce que j’avais pu recueillir dans un domaine où les « experts » sont rarement objectifs. Ce n’était qu’une idée, vague, et mon inclination naturelle à la paresse ne m’avait pas incité à me lancer à nouveau dans cette aventure qui demande du temps, une concentration de chaque instant et la patience des gens qui vous entourent.
Les choses en seraient sans doute restées là si je n’avais été convié à participer à un débat sur les médecines non conventionnelles dans le cadre de l’assemblée générale de la Mutuelle Générale de l’Education Nationale (MGEN). Ancien d’enseignant moi-même, il m’apparaissait normal de m’adresser à des collègues pour leur apporter des informations qui, je le sais d’expérience, ne vont pas trop vers leur penchant naturel.
J’avais déjà participé quelques mois plus tôt, avec plaisir, à un débat auquel assistaient environ 650 personnes et dans lequel j’étais opposé à un guérisseur, un acupuncteur, un sociologue relativiste, et un membre du conseil de l’ordre. Ce dernier s’avéra de fait un précieux allié. Un animateur avait dirigé le débat en toute objectivité. Posant les questions qui fâchent, donnant la parole aux uns et aux autres en respectant un équilibre toujours difficile à tenir en pareilles circonstances. J’étais donc pleinement confiant.
A la MGEN, je savais que j’allais être opposé aux professeurs Lazarus (ancien collaborateur du professeur Cornillot créateur du DUMENAT), au professeur Fagon coauteur du « rapport médecine complémentaire à l’institut public des hôpitaux de Paris » et à Madame Reynaudie, auteure d’une récente note d’analyse du CAS que j’avais déjà consulté et dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne m’avait pas paru tout à fait objective.
Le débat était animé par une journaliste télévisuelle, charmante et fort sympathique, dont je tairai ici le nom, car je pense qu’elle est ,tout comme moi, tombée dans un traquenard dont elle n’a pas su se sortir.
Le professeur Lazarus, premier intervenant, a accaparé le temps, parlant comme savent si bien le faire les experts en monologue et éludant avec une habileté confondante les questions pourtant pertinentes de l’animatrice, en ce qui concerne les preuves d’efficacité.
Après avoir indiqué qu’il n’était pas spécialement partisan des médecines non conventionnelles, le professeur Fagon fit un exposé qui prouvait visiblement le contraire, poussant même le bouchon jusqu’au mensonge, puisqu’il affirma haut et fort que les médicaments homéopathiques suivaient exactement le même parcours que les autres médicaments lors de la mise sur le marché. J’eus heureusement la possibilité de prendre à ce moment-là la parole et de lui rappeler que «compte tenu de la spécificité de ce médicament, le demandeur est dispensé de produire tout ou partie des résultats des essais pharmacologiques, toxicologiques et cliniques ».
Les applaudissements qui avaient suivi les deux premiers exposés avaient été particulièrement intenses, ceux qui suivirent le mien ne risquaient pas de provoquer de dégâts sur les tympans.
Madame Reynaudie fit ensuite un résumé rapide de la note d’analyse dont elle était l’auteure et que je connaissais déjà.
Et ce fut fini ! Pas de débat, pas d’échanges entre intervenants !
Il était visible que je venais de tomber dans une embuscade : non seulement l’ensemble de la salle, constituée de plus de 250 délégués régionaux, avait visiblement religion faite, mais aucun retour sur le fond, qui aurait permis de mettre les affabulateurs au pied du mur, n’était prévu. Les deux professeurs (argument d’autorité aidant) étaient tranquillement venus pérorer , mais n’avaient visiblement pas souhaité entendre de contradiction. Il ne s’agissait pas d’un débat. On avait assisté à l’exposé de vérités révélées. J’avais été utilisé comme caution. J’étais furieux !
Ajoutons à cela qu’un repas entre conférenciers et organisateurs était prévu. Madame Renaudi y participa volontiers et les échanges que j’ai eus avec elle furent empreints de courtoisie et de compréhension mutuelle. Les deux promoteurs des médecines non conventionnelles, leurs mauvais coups faits, s’étaient discrètement éclipsés dès la fin de la conférence, sans avoir même l’habituelle politesse qui consiste à saluer courtoisement les autres intervenants, même si l’on a avec eux les plus profonds désaccords.
Les discussions que nous avons eues avec les responsables de la MGEN lors du repas qui a suivi m’ont montré que leur seule motivation était de satisfaire la demande (supposée majoritaire) de leurs adhérents. Se préoccupent-ils vraiment des adhérents silencieux, que je sais être nombreux, et qui souhaiteraient ne pas avoir à payer pour des médecines qui n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité alors que des hôpitaux sont quasiment dans la misère ? Ne se plient-ils pas plutôt à l’ardeur revendicative d’une minorité d’idéologues ? Visiblement, l’idée ne leur est pas venue. Si certains de ces enseignants lisent aujourd’hui ces lignes, qu’ils n’hésitent pas à se manifester auprès de leur mutuelle.
Je suis revenu furieux de cette triste expérience, à la fois pour m’être laissé bêtement manipuler, mais aussi démoralisé de constater ( ce que je savais pourtant d’après les enquêtes faites par l’INSEE) que les enseignants, ceux qui forgent l’esprit critique des générations futures, étaient à ce point des laudateurs de la pensée magique.
Pour être tout à fait honnête, je dois cependant remercier les responsables de la MGEN. C’est grâce à eux, grâce au surplus d’adrénaline qu’ils m’ont ce jour-là insufflée, que j’ai pris la décision d’écrire le livre qui paraît aujourd’hui.
Ce livre ne plaira pas à tout le monde. Il n’est pas là pour cela, mais pour jeter un regard indépendant sur les dérives diverses d’un système médical en voie de délitement.
Poursuivre sur la page de présentation du livre.
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