C'est sans surprise que l'on constate que depuis la publication de la tribune des 124 médecins dans le Figaro les homéopathes ne sont pas restés inactifs. Plusieurs syndicats non représentatifs (l'union collégiale, le syndicat de la médecine homéopathique, le syndicat des mésothérapeutes français, le syndicat des médecins indépendants libéraux européens) annoncent en effet, dans un communiqué, avoir déposé « des plaintes disciplinaires auprès de l'Ordre des médecins envers les signataires de cette tribune ». Faute de pouvoir revendiquer des sanctions envers l'ensemble des signataires dont certains d'ailleurs ont fait usage de pseudonymes, les requérants ont choisi d'attaquer 10 médecins, dont les cinq qui se sont exprimés dans les médias. Ils ne demandent rien moins que des « excuses publiques » et avertissent par la bouche du Dr Meyer Sabbah, à l’origine de la plainte, que s'ils ne les obtiennent pas ils se proposent de « tirer au sort 2 médecins dans la liste, tous les 15 jours, pour de nouvelles plaintes ».
Comment des médecins n'ont-ils pas perçu que cette méthode rappelle de terribles épisodes de notre histoire?
Le conseil de l'ordre des médecins a déjà pris les devants et dans un communiqué dont le ton fleure bon le jésuitisme d'antan, il déclare d'abord que : «sur ce qui concerne les aspects scientifiques [...] il ne tire d’aucun texte une compétence institutionnelle pour se prononcer. » Étonnant, lorsque l'on sait que le premier rôle du conseil de l'ordre des médecins et de faire appliquer son code de déontologie lequel prévoit dans son article 39 intitulé « charlatanisme » que: «Les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé». Il faudrait admettre que le conseil de l'ordre vit sur une île déserte pour qu'il n'ait pas eu connaissance des conclusions et des décisions des académies nationales européennes dont j'ai parlé plus haut. Il se défausse donc sur l’Académie nationale de médecine, la Haute autorité de santé et l’Agence nationale du médicament et des produits de santé auxquelles il demande de se saisir du sujet. Le Conseil national de l'ordre peut-il croire un seul instant que ces organismes s'aperçoivent brutalement de l'efficacité de l'homéopathie ou cherche-t-il tout bonnement à ne pas avoir à se prononcer et à rompre l'esprit de corps dont il est le promoteur et le défenseur ?
L’ordre national des médecins se considère moins comme le garant de la déontologie (dont il se garde bien de faire appliquer plusieurs articles) que comme un défenseur de la profession ce qui est plutôt ordinairement le rôle des syndicats. On ne peut donc que regretter que le président François Mitterrand n'ait pas fait ce qu'il avait promis dans ses 110 propositions lorsqu'il était candidat : « Le conseil de l’ordre des médecins sera supprimé (proposition 85).»
En attendant, signez et faites signer la pétition "pour que cesse l'ambiguïté des pratiques médicales"
C'est ici: https://chn.ge/2H80W0A