Martin Winclair vient plein de publier un nouvel ouvrage intitulé : « Les brutes en Blanc ».
Sans l'avoir lu, je peux penser qu'il s'agit d'une reprise étoffée de tous les cas de maltraitance médicale qu'il a déjà dénoncée sur son site. S'il étend sans précaution cette attitude à tous les médecins alors je suis d'accord qu'il s'agit d'une généralisation hâtive (mais cela reste à démontrer).
Le problème n'est pas de savoir si certains médecins sont immondes et si d'autres sont parfaits, mais de savoir dans quelle PROPORTION.
N'étant pas médecin, je n'ai pas comme Martin Winclair recueillis les confidences privées de ces maltraitances, mais je suis pourtant persuadé qu'elles existent et qu'elles sont nombreuses. À la fin des multiples conférences que j'ai été amené à effectuer, je suis amené à discuter avec les partisans des médecines non conventionnelles et la réponse finale que j'obtiens est toujours la même : les patients ne se tournent pas vers les médecines non conventionnelles par adhésion, ils s'y tournent par rejet du comportement des médecins de ville. Poussés dans leurs derniers retranchements leurs réponses sont toujours les mêmes : « j'en ai assez d'être reçu en 10 minutes et de partir avec une ordonnance de cinq lignes sans qu'on m'ait adressé plus de trois phrases», «J'en ai assez d'être infantilisé et de ne jamais avoir la possibilité de donner mon avis », « j'en ai assez d'être coupé au bout de quelques secondes [1] sans que l'on ait prie le temps d'entendre mes problèmes en détail », « J'ai l'impression d'être une machine qu'on emmène pour une réparation »…
Christian Lehmann, fait à Martin Winclert une réponse qui laisse très mal à l'aise. Qu'il dénonce chez son collègue une généralisation hâtive est peut-être justifiable, mais la lecture de son article laisse l'impression d'un angélisme autosatisfait totalement irréaliste. Si plus de la moitié des patients des patients se tournent chaque année vers les médecines non conventionnelles ce n'est certainement pas parce que les médecins de ville ont une altitude satisfaisante[2].
Je dis médecins de ville, car je ne confonds pas avec les médecins ou les personnels hospitaliers qui dans leur très grande majorité ont un comportement très satisfaisant de l'avis des patients. D'ailleurs pour travailler dans le secteur public lorsqu'on est médecin ou infirmier il faut être un humaniste, presque un héros, puisque l'on pourrait gagner beaucoup plus en travaillant beaucoup moins en s'installant dans le secteur privé.
Quant à dire comme le prétend Christian Lehmann que l'enseignement donné aux futurs médecins est globalement satisfaisant, c'est ignorer la réalité . Lorsqu'un professeur, lors de son premier cours de seconde année, annonce à ses élèves: « vous êtes maintenant l'élite de la nation » peut-on attendre de ceux-ci par la suite une certaine humanité. Les médecins seraient l'élite de la nation. Des professionnels au-dessus de toute critique. Des citoyens qui peuvent agir sans contrôle. Des professionnels qui peuvent accumuler les actes à la manière des stakhanovistes du passé.
C'est pourquoi je considère que face aux problèmes que connaît la médecine aujourd'hui ces chamailleries sont dérisoires!
Une réforme profonde de la médecine, de son fonctionnement et des études médicales est vitale. Les médecins doivent avoir l'obligation de pratiquer une (VRAIE) EBM ( voir ici) pour se préparer à la médecine globale que prône le professeur Guy Valencien.
Encore faudrait-il que la "noblesse de blouse" se décide à faire sa nuit du 4 août et, cessant de se considérer comme une profession libre de prescrire des granules vides, de louer des méridiens imaginaires, de pratiquer la criminelle médecine de Hamer et de servir de passerelle pour les sectes, elle accepte les mêmes obligations de service public et de contrôle que tous les fonctionnaires qui sont payés par une collectivité sociale ou nationale (ce qui est le cas des médecins).
Hélas ! Le lobby médical est surpuissant et les politiques sont impuissants, car : « on ne touche pas à une profession qui reçoit chaque jour 40 électeurs dans son cabinet [3]».
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[1] En fait, d'après une étude publiée par la société française de sémiologie et de pathologie mammaire en novembre 2005 : « le temps dédié aux consultations conventionnelles est souvent insuffisant, avec un temps moyen de sept à 13 minutes et une interruption possible du discours du patient par son médecin au bout de 18 secondes »
[2] Les chiffres fournis par les différentes études sont fluctuants et vont de 48 % à 75 %.
[3] Phrase attribuée à Konrad Adenauer.